Sécurité routière : la FFMC 39 répond au Préfet du Jura et met les points sur les « i »

C’est vrai… on ne devrait pas parler à un Préfet comme ça… Mais trop, c’est trop. Alors, suite à ses déclarations dans la presse locale, la FFMC 39 a décidé d’envoyer une lettre ouverte à David Philot, le Préfet du Jura, histoire de mettre les points sur les « i »…


Monsieur le Préfet,

Nous avons lu avec attention dans la presse locale et sur vos réseaux sociaux votre communication sur la sécurité routière et le bilan, pas très bon il faut bien le reconnaître, de l’accidentalité sur notre département en cette fin d’été.

Si nous pouvons déplorer de concert que douze personnes, dont 6 motards, ont perdu la vie sur nos routes entre janvier et septembre, votre façon de présenter les chiffres nous a pour le moins fait tiquer.

Principale association de défense des usagers des 2 et 3 roues motorisée dans le Jura – reconnue au niveau national – la FFMC 39 s’est rendue sur les lieux des principaux accidents corporels impliquant des motards, afin de tenter de comprendre ce qui a pu se passer.

Dans votre intervention, vous pointez – en bon thuriféraire de la Sécurité rentière – d’abord « les excès de vitesse » avant la prise d’alcool et de stupéfiants. A vous lire, « la vitesse excessive ou inadaptée » aurait été constatée de façon certaine dans 5 des 9 accidents mortels analysés. Honnêtement, nous n’en sommes pas sûrs du tout, la « vitesse inadaptée » étant un vaste fourre-tout et une case un peu trop facile à cocher par les services de police et de gendarmerie face à n’importe quel accident. De même, votre analyse ne prend pas du tout en compte l’afflux important de touristes, souvent peu habitués à la circulation sur les routes de montagne, qu’a connu le Jura cet été.

On pourrait de la même façon contester votre présentation des chiffres concernant les retraits de permis de conduire pour des dépassements de la vitesse autorisée, par rapport à ceux pour alcoolémie et l’usage de stupéfiants : si 2020 est bien reportée sur 2019, il manque un élément essentiel à la compréhension de ces données : le nombre de contrôles effectués dans chaque catégorie. On ne peut donc pas savoir, à la lecture de ces seuls chiffres, si le taux d’excès de vitesse pour 100 véhicules contrôlés est supérieur ou inférieur en 2020 à celui constaté en 2019. S’alarmer des 429 permis de conduire supprimés en 2020 pour des excès de vitesse, contre 349 en 2019, ne rime donc à rien, sauf à justifier une politique uniquement répressive, fortement décriée par la population, conduisant à multiplier les radars-tirelires aux endroits les plus rentables et piégeux.

La FFMC 39 l’a déjà exprimé : ce n’est pas en ne misant sur la seule répression et en diabolisant la vitesse que se construit une politique de sécurité routière. Et pour nous, il est inconcevable d’instrumentaliser un sujet aussi dramatique que mortalité routière pour en faire un objet de propagande.

À toutes fins utiles, nous vous signalons que depuis la fin du confinement, la FFMC 39 a relevé et signalé 31 anomalies, parfois graves, aux gestionnaires des infrastructures : le conseil départemental, où l’écoute est assez attentive, mais aussi des communes et l’État, concernant la dangerosité de la RN 5 sur l’arrivée à Morbier, service avec lequel le dialogue est le plus difficile.

Une nouvelle fois, la FFMC 39 déplore que pour des visées uniquement politiques et par « punition » vis-à-vis de son engagement contre les 80 km/h, votre prédécesseur ait décidé de supprimer à notre association le peu de subventions qui lui étaient accordées via le PDASR et servaient – justement – à la formation des motards, que ce soit à travers notre ancienne « Journée des braves », les « coachings nos limites » ou l’intervention des motards habilités ERJ (Education routière jeunesse) dans les établissements scolaires.

Nous déplorons aussi que la Préfecture du Jura n’ait pas répondu à notre demande d’intégrer la Commission départementale de sécurité routière, où en tant que principale organisation représentant les motards du Jura, elle aurait toute place et légitimité.

Restant à votre disposition pour toute information complémentaire ou pour vous rencontrer, si vous le souhaitez, nous vous prions de croire, Monsieur le Préfet, à l’expression de nos motardes salutations.