Proposition de loi LR sur les bottes à moto : des députés à côté de leurs pompes

L’enfer est pavé de bonnes intentions. Et sous couvert de « bonnes actions », force est de constater que nos élus mettent souvent à côté de la plaque, surtout lorsqu’il s’agit de moto. Cela pourrait prêter à sourire si quelquefois, les idées saugrenues des uns et des autres ne nous revenaient en pleine face, sous forme de lois et règlements stupides. On en a eu récemment deux beaux exemples avec le changement de la norme des plaques d’immatriculation (ne servant strictement à rien) ou le marquage CE des gants de moto rendu obligatoire.

Et voilà que maintenant, dix députés LR veulent, dans une proposition de loi, rendre obligatoire le port des bottes à moto…

Leur argumentation est simple, pour ne pas dire simpliste : puisqu’il y aurait de nombreuses blessures aux membres inférieurs touchant des motards se baladant avec des chaussures mal adaptées (selon des études datant de 1996 et 2000 !), rendons obligatoire la protection.

Dans leur présentation du texte, les députés signataires osent mettre en avant une étude réalisée par la Mutuelle des Motards, histoire de faire un peu sérieux, selon laquelle 15 % des motards ne seraient pas sensibles à la protection des jambes et des pieds.
Mais le hic, est que cette étude Gema date… de 2009. Et que depuis, grâce notamment au travail de la Mutuelle des Motards, mais aussi d’associations comme la FFMC ou l’AFDM, les mentalités changent.

Les dernières études du 2-Roues Lab le montrent : en 2016 et 2019, 93 % des motards sondés affirment porter des bottes ou des chaussures adaptées.

Bien consciente du risque que représente la pratique du deux-roues, la FFMC 39 recommande aux motards de circuler avec des équipements de qualité et adaptés à la situation et à la saison. Elle reste cependant opposée à son obligation, comme cela est précisé dans son manifeste pour la sécurité routière.

Quelle mouche a bien pu piquer Bernard Brochant, ci-devant député de la 8e circonscription des Alpes-Maritimes, pour qu’il se lance dans cette aventure, lui qui n’est connu ni pour briller par sa présence à l’Assemblée nationale, ni pour se préoccuper de sécurité routière ? Toujours est-il qu’avant de s’enliser en grande pompe dans cette histoire, au moins aurait-il pu se rapprocher de l’antenne locale de la FFMC, voire du Conseil national sécurité routière pour mettre ses statistiques à jour.

Il aurait ainsi pu s’apercevoir que les motards ne l’ont pas attendu pour prendre leur sécurité au sérieux.