Zones de faible émission et écologie punitive : la FFMC 39 interpelle les candidats aux municipales


Même si le sujet n’est placé en tête des préoccupations que par un français sur trois (*), à l’occasion de la campagne des municipales, l’écologie a occupé une grande place dans le débat. Un débat, hélas, souvent phagocyté par une minorité « écolo-ligne-dure » très active, qui tente par tous les moyens d’imposer ses vues pour ajouter toujours plus de contraintes à la circulation à deux ou quatre roues.

Pour autant, les préoccupations autour de l’écologie ne laissent pas indifférents les motards de la FFMC 39 : étant en prise directe avec les éléments, nous sommes sensibles à la beauté des paysages, à la qualité de l’air, à la mobilité. Mais refusons l’écologie punitive que beaucoup de villes mettent en place, faute de réfléchir à d’autres réponses plus adaptées pour désengorger la circulation et abaisser les niveaux de pollution.

La FFMC 39 refuse ainsi la mise en place des ZFE (zones de faible émission) qui, sous couvert d’améliorer la qualité de l’air, excluent des villes un grand nombre d’usagers en ne prenant en considération que l’année de fabrication de leur véhicule, ce qui est une aberration économique, sociale… et même écologique, puisqu’on envoie au rebut des véhicules en parfait état de fonctionnement !

Pour le moment, seules les villes et agglomérations dont la population est supérieure à 250 000 habitants sont concernées. Mais sous l’impulsion de l’État (avec des aides financières à la clé), d’autres collectivités devraient suivre ces métropoles et s’engager à déployer une ZFE sur leur territoire avant la fin 2020.

Peu de candidats (et d’élus) semblent le savoir, mais la nouvelle loi mobilité donnera la possibilité aux communes de moins de 100 000 habitants de faire acte de candidature pour pouvoir créer une ZFE. Le Jura est donc potentiellement concerné !

Avec ces ZFE, tout véhicule ne présentant pas les critères écologiques imposés pour circuler (normes Euro) se verra systématiquement évincé de la circulation et, de fait, sera irrémédiablement destiné à la destruction car devenu invendable.

Au-delà de la seule « liberté de circuler », qui par l’adoption de telles mesures sera totalement bafouée, comment les plus démunis pourront-ils faire face à la mise à la casse de leurs vieux véhicules, obligés de fait à en acheter de neufs plus « propres », mais excessivement plus coûteux ?

Nous avons demandé aux candidats des communes Jurassiennes de plus de 3000 habitants de se positionner sur ces ZFE qui nous pendent réellement au nez. Et autant le dire, pour l’heure, nous n’avons pas eu beaucoup de réponses… Aux Citoyens de tirer les conclusions qui s’imposent sur ce choix de ne pas répondre à une question pourtant simple…

Voici cependant les réponses reçues des différentes listes du Jura (cette publication sera complétée au fur et à mesure des prises de position des listes) :

(*) selon un sondage Odoxa-CGI pour France info.


DOLE, Ako Hamdaoui

Je souhaite, avec toute mon équipe, et j’espère celles du Grand Dole, en lien avec les usagers et les habitantes et habitants du territoire, revisiter les modes et moyens de déplacement vers une transition écologique réelle dont nos communes et la planète ont besoin, vers une prise en compte des besoins des plus démunis et pour un partage des espaces de vie et de mouvement.

Nous envisageons de développer les mobilités douces au premier rang desquelles les deux roues figurent en bonne place. Notre préoccupation en termes de cohésion sociale, nous fera prendre le temps nécessaire à l’accompagnement durable de cette démarche.

Nous nous sentons concernés par ces zones au regard des industries et surtout de la proximité des autoroutes. Cette démarche ZFE pourra donc s’inscrire dans notre paysage à moyen terme car qui peut ne pas vouloir limiter la pollution des véhicules au regard de l’enjeu de santé publique et planétaire ?

Cependant, nous ne souhaitons pas faire partie de tel ou tel dispositif, pour avoir un numéro d’inscrit, mais bien de faire les convergences des mobilités, au travers toutes les bonnes volontés et opportunités possibles.

À ce titre, la FFMC du Jura a toute sa place dans cette construction collective des mobilités locales. Vos engagements en matière de sécurité, du partage de la route et de solidarité, votre connaissance des déplacements, sont une richesse. Car, pour nous, et c’est dans notre ADN du collectif que je mène, il s’agit d’actionner toutes les ressources nécessaires pour partager ensemble les solutions de déplacements de demain.


LONS, Christophe Bois

Je vais être assez rapide pour vous répondre, je n’ai pas l’intention de m’inscrire dans cette démarche. Restreindre l’accès au centre ville de Lons-le-Saunier à des véhicules de plus de dix ans n’aurait pas de sens compte tenu de la taille de notre ville et revêtirait une caractère anti-social puisqu’on ne peut pas aider les citoyens à acheter des véhicules vertueux (la ville). La préservation de l’environnement est importante mais pas à n’importe quel prix.


LONS, Christophe Perny

Suite à votre interpellation, je vous apporte la réponse suivante.

La loi n° 2015-992 du 17 août 2015 relative à la Transition Énergétique pour la Croissance Verte (Loi TECV), les communes et leur groupement disposent de leviers pour lutter contre la pollution émise par le trafic routier, ne concerne pas une commune comme Lons-le-Saunier.

Concernant l’ancienneté des véhicules, il y a des lois, elles s’appliquent à tout le monde, et l’application n’est pas du ressort du maire de la commune.

Au regard des nombreuses contraintes réglementaires qui concernent les collectivités locales, nous n’allons pas anticipées celles qui ne nous sont pas adressées.

Néanmoins il est du devoir de chaque citoyen, usager de la route, d’être responsable tant en matière de sécurité que de prévention de la pollution. La pollution, l’amélioration de la qualité de l’air est l’affaire de tous, et je sais combien les motards y sont attachés.

La volonté de la liste « J’AIME LONS ! » que j’anime est de permettre de fluidifier la circulation dans notre agglomération et tout spécialement au coeur de ville, d’harmoniser la cohabitation entre les usagers de la ville à savoir les voitures, les deux roues et les piétons, avec un OBJECTIF central, la lutte contre le réchauffement climatique et l’amélioration de la qualité de l’air que nous respirons.

Lons-le-Saunier est une belle ville où il fait bon vivre, il y fera encore meilleur si l’air que nous respirons est moins pollué.


LONS, John Huet

La ville de Lons ne semble pas en échelle d’être concernée par ce type de dispositifs appliqués dans des grandes ville. Aucun dispositif ne prévoit de telle mesure à Lons et notre programme en vue des élections municipales ne comprend pas d’en créer un.

Nous voulons améliorer la circulation, encourager l’usage des transports en commun et accompagner la pratique du vélo, mais ne sommes pas partisans de l’interdiction.


MONTMOROT, André Barbarin (maire sortant)

Vous avez interpellé la liste « Montmorot L’Avenir » que je conduis pour les élections municipales du 15 mars à propos de l’impact des zones ZFE sur la pratique de la moto.

La lutte contre les effets du rejet de CO2 dans l’atmosphère doit être le combat quotidien des élus comme des citoyens.

Cependant l’écologie ne se veut pas punitive. Tout en s’orientant de manière volontariste vers une meilleure prise en compte de notre environnement dans le futur, nous sommes conscients de l’importance du passé et des contraintes du présent.

Les élus qui s’engagent avec moi pour Montmorot sont sensibles à vos arguments, à vos réalités présentes et au poids de vos décisions passées ; ils travaillent, et travailleront, à accompagner au mieux toute mesure (pas seulement écologique) pour en minimiser les potentiels impacts négatifs, que ce soit au plan économique, social ou plus largement dans les modes de vie de chacun, en toute responsabilité.

C’est déjà ce que nous faisons sur notre commune, non pas en interdisant, mais en ajoutant des solutions de transport au tout thermique : soutien aux déplacements à vélo, à pieds ainsi qu’aux transports en commun.

Par ailleurs, les deux-roues ont aussi eu leur place dans nos actions sur ce premier mandat, tout spécialement sur les questions liées à leur sécurité, comme en témoignent la rénovation -à votre demande- de la rue de Vallière et de Champs dessus.

Concernant la création des zones à faible émission, dont l’objectif exprimé est non seulement écologique mais aussi de santé publique en diminuant les taux de particules fines dans les zones densément peuplées, c’est surtout le sujet des grandes agglomérations comme vous l’indiquez dans votre courrier.

Sur le bassin lédonien je n’ai pas d’information sur les intentions d’ ECLA Lons Agglomération sur ce dispositif. Pour autant, il n’existe pas sur ces sujets de solution générale. Tout est une question de mesure, et les mesures d’exception, d’étalement etc. doivent être discutées au cas par cas, avec tous les acteurs concernés et autrement qu’à 15 jours des élections municipales, pour atteindre le bon compromis entre l’intérêt général et les intérêts particuliers. Nous serons bien sûr vigilants à consulter toutes les parties prenantes si un tel sujet venait à être discuté, d’abord pour évaluer sa pertinence, ensuite pour les potentielles mesures de transition à prendre pour accompagner sa mise en place.


MONTMOROT, Céline Trossat

Notre équipe a pris connaissance avec attention de votre courrier.
A Montmorot, nous n’avons pas l’intention de créer de zones à faible émission.
Nous avons d’autres priorités et notamment celle d’assurer la sécurité des Catharus dans la commune. Celle-ci passera par une révision des flux de circulation dans le centre en ayant une vision globale et en associant les riverains, et non pas par un choix des véhicules pouvant emprunter nos voiries.
Nous sommes tout à fait en phase avec vous quand vous pointez les difficultés qu’auraient les foyers les plus modestes à remplacer leur véhicule de plus de dix ans par un autre.
Si nous sommes sensibles à notre environnement, qui est un des axes de notre programme, il nous semble qu’il doit y avoir d’autres actions plus efficaces, moins contraignantes et moins coûteuses pour les Français, à mettre en place.


POLIGNY, A.Seigle-Ferrand

Merci de votre sollicitation.

Merci aussi de nous interpeller sur un sujet comme celui-ci. En effet, les questions écologiques et sociales sont des questions au coeur de notre démarche et de notre projet.

Cinq éléments en préambule, pour lesquels nous vous rejoignons :

1 : Nous ne partageons pas cette vision de l’écologie punitive qui consiste à sanctionner les particuliers alors que les très gros pollueurs ne sont pas les habitants dans leurs mobilités mais bien le transport maritime ou aérien. Ceux-ci ne sont que peu taxés…

2 : Vous avez raison également quand vous dites que ce sont souvent les plus pauvres qui sont les premiers pénalisés. Il est pourtant évident que plus le niveau de vie augmente plus les pollutions induites sont importantes.

3 : Enfin, c’est notre mode de vie et notre fonctionnement économique qui pousse à la pollution par la consommation de produits venus des quatre coins du monde, par la hausse des prix de l’immobilier qui oblige les familles à s’installer loin des espaces de travail par exemple.

4 : Ce genre de lois ne prend pas en compte les pollutions induites par d’autres modes de transport mais aussi, vous l’avez dit, des pollutions déclenchées par la destruction des véhicules ciblés et par la construction de nouveaux véhicules.

5 : Le tout électrique ne constitue pas pour nous non plus une solution viable si celle-ci sous-entend le recours en plus massif au nucléaire.

D’ailleurs les premières évaluations menées dans d’autres pays européens qui ont opté pour des ZFE ou des ZCR (Zone à circulation restreinte) font état de ces trois constats.

Il est clair que spontanément améliorer la question de l’air semble un objectif louable mais il ne peut être poursuivi que dans une démarche de réflexion globale autour du logement, de la production énergétique et les mobilités.

Dans notre programme, nous mettons l’accent sur quatre priorités, plus à même de réduire les consommations d’énergie et les pollutions :

– Développer et sécuriser les mobilités douces à l’intérieur de la ville

– Développer et flécher des parkings en fonction de l’usage (résidentiel, étudiant) pour tous les véhicules.

– Produire de l’énergie le plus localement possible de la manière la plus renouvelable possible

– Lancer et initier une politique de rénovation de l’habitat.

Enfin, du point de vue de la mise en place de la loi et d’une ZFE, nous ne sommes pas concernés sur Poligny, ni même à l’échelle de la communauté de communes car l’oblgation ne concerne que les EPCI de plus de 100.000 habitants dans le cadre d’un PPA (Plan de Protection de l’Atmosphère).

Si cela venait à être obligatoire pour tous les espaces du territoire, il est clair que la progressivité du calendrier d’application, l’aide aux plus démunis et la mise en place de démarche de recyclage efficace doivent être des prérequis.